L'arrivée de Lula au gouvernement est largement interprétée, au Brésil, comme une tentative d'éviter de rendre des comptes à la justice dans le scandale de corruption Petrobras.
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Des manifestations ont éclaté mercredi 16 mars au Brésil, après la diffusion, par le juge en charge de l'enquête sur le scandale Petrobras, d'une conversation téléphonique entre Dilma Rousseff et Lula, pouvant laisser penser que l'entrée au gouvernement de l'ex-président a pour objectif de lui éviter la prison. Luiz Inacio Lula da Silva a en effet été nommé ministre d'Etat, chef de la maison civile, l'équivalent d'un Premier ministre au Brésil, alors que le parquet a requis l’ouverture de poursuites judiciaires contre lui. Il évite ainsi la justice ordinaire.
Beaucoup de réactions au Brésil, après la nomination mercredi de Lula, 70 ans, au gouvernement. Des réactions au quart de tour, même. Dans au moins trois grandes villes - Sao Paulo, Belo Horizonte et surtout Brasilia, la capitale -, des manifestants sont allés protester contre l'ancien président, et contre la décision de Dilma Rousseff de l'appeler à la rescousse au gouvernement, au moment où sa coalition parlementaire menace d'imploser.
Environ 5 000 personnes se sont rassemblées devant le palais présidentiel brésilien mercredi. A l’intérieur du Congrès, des parlementaires criaient « Démission ! Démission ! ». Des membres de l’opposition ont décidé de déposer un recours devant la justice pour empêcher que Lula prenne ses fonctions de ministre, arguant que le parquet a requis l’ouverture de poursuites judiciaires contre lui dans le cadre de l'enquête sur le scandale de corruption Petrobras.
L'opposition dénonce une manœuvre « scandaleuse ». « Au lieu de donner des explications et d'assumer ses responsabilités, l'ex-président Lula a préféré fuir par la porte de derrière », estime Antonio Imbassahy, chef du groupe parlementaire de la principale formation de l'opposition (PSDB, centre droit). Et d'ajouter : « C'est un aveu de culpabilité et une gifle à la société. La présidente, en l'invitant, se fait son complice. Le chapitre final de cette histoire sera la destitution (de Dilma Rousseff, NDLR). »