La dégradation socio-sécuritaire s'est généralisée au cours de la semaine écoulée en République centrafricaine (RCA), à la suite d'une série d'affrontements entre des combattants d'ex-séléka et d'anti-balaka. En Centrafrique, les jours, semaines et mois se suivent et se ressemblent, sans qu'on sache ce que fait, exactement, le gouvernement pour faire face à cette insécurité généralisée. On a l'impression que le pouvoir en place a baissé les bras. Tout simplement même s'il n'en dit rien.
Bambari (Centre), Markounda (Nord-Ouest), Nanga Boguila (Nord-Ouest), Kaga Bandoro (Centre-Nord) et Alindao (Centre-Est), etc. Toutes ces localités sont managées par les seigneurs de la guerre. Sans foi ni loi. Parfois, à la barbe des soldats centrafricains (quand il en existe) et de la MINUSCA.
Depuis, mercredi, 21 mars, au Nord de Bambari, des échauffourées entre des ex-séléka et des anti-balaka ont coûté la vie à de nombreux civils et, également, à une quinzaine de combattants du côté d'ex-séléka. Pas de commentaire côté Palais de la Renaissance.
Dans la seule bourgade de Séko, une vingtaine de civils ont été tués, parmi lesquels, le curé de la paroisse Saint Charles Lwanga, ce qui a mis le cardinal, Dieudonné Zapalainga, dans tous ses états. Une colère qu'il a du mal à contenir. La situation s'aggrave de jour en jour alors qu'à Bangui, le pouvoir est, visiblement, considéré comme un instrument de ...jouissance. Les promesses de la dernière campagne ne valent, aujourd'hui, uniquement, que pour ceux qui y croyaient. Ceux qui avaient vu Faustin-Archange Touadéra à l'oeuvre comme premier ministre de François Bozizé, pendant cinq ans (2008-2013), ont un sourire en coin : « Ne nous vous avions pas averti au moment de la campagne », ironisent-ils ? Ce n'est pas tout.
Non loin de Séko, des villageois de Goubali ont été massacrés, parmi eux, le directeur de l'école ainsi que son épouse. Les rescapés qui ont pu atteindre le centre de Bambari, en quête de protection, ont parlé de "corps qui jonchaient le sol au moment de leur fuite". Ils ignorent si ces corps sont condamnés à la putréfaction ou vont être, décemment, inhumés. La question se pose d'autant plus que le gouvernement est aux abonnés absents.
De Nanga Boguila à Markounda, des hommes armés enturbannés assimilés à des bandits tchadiens, à dos de chevaux, sont apparus dans plusieurs villages depuis, jeudi, 22 mars, dernier, et se sont employés à piller des paires de bœufs des villageois destinés à la culture attelée. Ils ont tué une personne au cours de leur incursion. Aucune protection venant du pouvoir, ni de la MINUSCA.
Dans la région de Kaga Bandoro, les éléments d'ex-séléka et d'anti-balaka sont sur le qui-vive. Prêts à se faire la guerre. A l'origine, des ex-séléka, après avoir tué un jeune, ont dérobé sa moto. Des anti-balaka ont retrouvé le corps de la victime, l'ont inhumé et prépareraient la contre-attaque. Ayant pressenti le danger, les ex-séléka ont renforcé leur présence sur les barrières, illégalement, établies. MINUSCA et pouvoir observent en spectateurs.
Dans la ville d'Alindao, des éléments de l'Union pour la paix en Centrafrique (UPC) et des anti-balaka se sont opposés depuis lundi, 19 mars.
Etc, etc... Bref, le Centrafrique est dirigé par des milices. Le pouvoir central du président de la République (élu démocratiquement en février 2016) ne s'exerce que sur une partie de la ville de Bangui. Une partie de plus en plus petite. Quelle tristesse !
Ainsi va la vie depuis deux ans que le président Touadera a pris le Centrafrique en main. De deux départements sous contrôle de la rébellion, à sa prise du pouvoir, on est passé à 15 départements sur 16, pratiquement, gérés par une foultitude de rébellions qu'on a (même) du mal à dénombrer. La situation va, incontestablement, de mal en pis. Personne ne le nie. C'est le sauve qui peut (notre photo). Au point où certains pays comme le Gabon ont, carrément, opté pour un retrait de leur armée de la MINUSCA.
Par Aristide Tossa
Source : www.afriqueeducation.com